01 janvier 2024 - 03h13
Xavier Vrielynck
La lombalgie est un syndrome très courant mais elle suscite beaucoup de question. Est-ce grave ? Comment la soigne-t-on ? Dois-je faire une radio ou un scanner ? Depuis plusieurs années de nombreuses études scientifiques ont remis en question notre compréhension de ce syndrome et les recommandations quant à sa prise en charge ont beaucoup évolué. Voici un résumé de ce que l'on sait aujourd'hui de la lombalgie et de son traitement.
La lombalgie est une douleur intense ressentie au bas du dos ou en haut des fesses. Le nom est composé du terme "lombes" désignant la région lombaire c'est-à-dire le bas du dos, et le terme "algie" provenant du grec "algos" signifiant "douleur". La lombalgie est donc un symptôme (mal au dos) et non une maladie ou une pathologie.
En cas de lombalgie, on peut aussi ressentir un sentiment de blocage ou des difficultés à faire certains mouvements.
A l'heure actuelle:
Ces dernières années il y a une augmentation du nombre d'incapacité et de chronicisation de la lombalgie. Or nous n'avons jamais été aussi inactifs et le travail avec port de charge lourde devient de plus en plus rare ! De plus, au fil des années, les gens connaissent de mieux en mieux les techniques de manutention et sont équipés de matériel plus ergonomique.
Ce constat nous oblige à changer notre manière de voir les choses. La lombalgie n'est à l'heure actuelle pas évitable comme le rhume ou la grippe ne le sont pas non plus. Et chercher à protéger son dos en évitant de porter des charges ou en gardant une certaine posture ne sont pas efficaces voir contre productifs. Ainsi plutôt que d'éviter la lombalgie à tout prix, essayons de changer notre manière d'y faire face.
Dans 90% des cas il n'y a pas de pathologie spécifique ou sérieuse (lombalgie mécanique non spécifique ou lombalgie commune). Mais il ne sera pas non plus possible d'établir un diagnostic patho-anatomique clair, c'est-à-dire qu'on ne pourra pas connaitre avec certitude la structure responsable de votre mal de dos. Est-ce un ligament ? est ce un disque ? est-ce un pincement léger ou modéré d'un nerf ? est une contracture musculaire ? etc. Tout au plus pourra-t-on émettre des hypothèses.
Cette incertitude peut être source d'inconfort chez le patient mais aussi chez le thérapeute et il ne faut pas compter sur l'imagerie médicale pour en savoir plus. La réalité est que la douleur provient d'un mécanisme très complexe et n'est pas liée le plus généralement à une "lésion" ou un "dommage" au niveau de la colonne vertébrale.
Dans 5 à 10% des cas, la lombalgie est associée à un déficit neurologique significatif: apparition d'une faiblesse musculaire importante, de trouble sphinctérien, etc.
Enfin, dans 1 à 2% des cas il s'agit d'une pathologie sérieuse ou systémique.
Ces deux dernières catégories correspondent à des lombalgies spécifiques ou non mécaniques. Le médecin ou le kinésithérapeute sera particulièrement attentif au moindre signe qui pourrait évoquer une telle atteinte car celle-ci nécessite un traitement spécifique et rapide.
Lors de la première consultation chez votre médecin ou kinésithérapeute, celui-ci va d'abord réaliser une anamnèse et un examen clinique afin de s'assurer que vous présentez bien une lombalgie mécanique non spécifique. S'il y a une suspicion ou le moindre doute d'une lombalgie spécifique ou non mécanique, il vous proposera de réaliser des examens médicaux ou d'aller aux urgences. Dans le cas contraire, aucune imagerie médicale ne devrait être prescrite à ce stade, sauf exception.
Dans le cas de la lombalgie commune, la prise en charge va être personnalisée par rapport à votre situation et vos symptômes. En première attention il vous sera prescrit ou non des médicaments et/ou de la kinésithérapie.
Si votre médecin ne vous prescrit pas de kinésithérapie, il se chargera de suivre l'évolution de votre lombalgie et d'adapter le traitement en fonction de son évolution. Sinon ce sera le kinésithérapeute qui remplira ce rôle en tenant informé le médecin.
L'imagerie médicale (radio, scanner, IRM) et les autre examens médicaux (électromyographie, prise de sang, etc.) sont utilisés pour les lombalgies spécifiques. Dans le cadre d'une lombalgie commune, on n'en réalise généralement plus car elles ne permettent pas d'en apprendre plus sur l'origine de la douleur. Exceptionnellement, les imageries peuvent être prescrites si elles sont susceptibles de modifier la prise en charge. Par exemple si on envisage de réaliser une infiltration ou une chirurgie.
Il faut savoir que l'imagerie médicale présente aussi des inconvénients:
Les médicaments ne sont pas systématiquement nécessaires. Ils n'accélèrent pas la vitesse de guérison mais peuvent aider à gérer la douleur et l'incapacité. Dans tous les cas, c'est le médecin qui juge et prescrit l'utilisation des médicaments et l'automédication est vivement déconseillée.
La kinésithérapie est fréquemment prescrite en cas de lombalgie. Le but de cette prise en charge est de:
Le traitement que va proposer votre kinésithérapeute va dépendre de son bilan. Il va notamment prendre en compte votre douleur (type, durée, localisation,...), les déficits que vous présentez (mobilité, force, contrôle,...), votre profil (âge, sexe, condition physique,..) et habitudes (sédentaire, actif,...). Le traitement sera donc personnalisé à chaque individu et sera réévalué en fonction de l'évolution.
De manière générale le traitement va se composer:
Les nouvelles avancées scientifiques ont fait évoluer notre compréhension de la lombalgie. Mais de vieilles croyances persistent, aussi bien chez les patients que chez certains thérapeutes ! Voyons ensemble les croyances fréquentes qui peuvent entraver la guérison.
Ces croyances sont néfastes et fausses. Il faut à tout prix changer notre manière de voir les choses concernant la lombalgie commune. En voici quelques unes des plus fréquentes:
Il faut à tout prix arrêter de penser de la sorte.
A l'inverse ces croyances sont bénéfiques. Voici l'état d'esprit que l'on devrait tous avoir
Il est difficile de prédire le temps qu'il faudra pour ne plus avoir mal. Mais les études statistiques à grandes échelles nous permettent de constater qu'il existe des facteurs de risques qui peuvent maintenir les douleurs de manière chronique.
Si vous présentez plusieurs de ces facteurs de risque une intervention psychologique cognitivo- comportementale peut-être utile.
La lombalgie est complexe et nous n'avons pas encore fini de découvrir des choses à son sujet. Les conseils que l'on donnait il y a plus de 10 ans ne sont plus d'actualités pour une bonne partie d'entre eux.
Ce qu'il faut retenir est que la lombalgie est une douleur et une hypersensibilité du dos mais n'est pas le signe qu'il est endommagé. Pour aller plus loin, je vous invite à visiter le site https://www.retrainpain.org/languages/french qui vous en apprendra plus sur le fonctionnement de la douleur.
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